jeudi 21 avril 2011

Réalisme et naturalisme, zoom sur Zola versus Balzac

Balzac.

Lorsque Zola établit les grandes lignes de son projet Les Rougon-Macquart, il insiste sur la différence à la fois d'intention et de traitement entre son oeuvre et celle de Balzac : 

"Les bases de la Comédie sont le catholicisme, l'enseignement par des corps religieux, principe monarchique. La Comédie devait contenir deux ou trois mille figures. Mon oeuvre sera moins sociale que scientifique. Balzac à l'aide de trois mille figures veut faire l'histoire des moeurs, il base cette histoire sur la religion et la royauté. Toute sa science consiste à dire qu'il y a des avocats, des oisifs, etc., comme il y a des chiens, des loups, etc. En un mot, son oeuvre veut être le miroir de la société contemporaine. Mon oeuvre, à moi, sera tout autre chose. Le cadre en sera plus restreint, je ne veux pas peindre la société contemporaine, mais une seule famille, en montrant le jeu de la race modifié par les milieux." (Zola, Différences entre Balzac et moi, 1869). 

mercredi 20 avril 2011

Peut-on encore lire Rabelais aujourd'hui ?


Ecrite au cours du deuxième tiers du seizième siècle, l'oeuvre de François Rabelais est-elle encore lisible 350 ans plus tard ? A quelles conditions et pour quoi faire ? Poser ce genre de questions peut simplement introduire à une malsaine nostalgie : celle d'un temps, plus ou moins imaginaire, où lire Rabelais allait de soi, où l'apprentissage des humanités établissait un pont naturel avec l'humanisme de la Renaissance, où la langue que l'on parlait était encore assez proche de celle de nos lointains ancêtres pour qu'il ne soit pas utile de traduire Rabelais comme s'il était définitivement étranger à notre idiome contemporain.

Ces lamentations ne sont pas de mises. Le passage du passé au présent s'accompagne fatalement d'une déperdition et d'un exil. Michael Screech, qui a écrit Rabelais, Gallimard, Bibliothèque des idées, le souligne justement : Ce qui faisait le plus rire les contemporains de Rabelais, ce qui leur paraissait le plus polémique, le plus agressif, le plus admirable n'est probablement pas ce qui, aujourd'hui, nous paraît désopilant, novateur, puissant, digne d'exciter notre plaisir et de nourrir notre réflexion. Ce n'est pas seulement la langue qui a changé, c'est l'univers mental qu'elle exprime et qu'elle travaille. Nous ne penserons, sentirons, rirons, pleurerons jamais plus comme les femmes et les hommes du seizième siècle. Et c'était bien sûr déjà vrai hier.

Biographie de Goethe


Né à Francfort-sur-le-Main le 28 août 1749, Goethe est l'héritier d'une double tradition germanique, celle des artisans du nord par son père, lui-même jurisconsulte et conseiller honoraire, celle des juristes du sud par sa mère, dont le père a été bourgmestre de Francfort. Elevé librement dans un milieu protestant aisé, cultivé, il s'imprègne tout autant des classiques anciens et modernes, que de la Bible, de la mythologie antique et des légendes populaires allemandes. De 1765 à 1768, il fait à Leipzig ses études de droit et publie ses premiers recueils de poésie (Annette, Mélodies et Lieder dédiés à Mlle Frédérique Oeser, Nouveaux Lieder et Mélodies, Le Caprice de l'amant). De retour à Francfort, il compose sa première comédie, Les Complices, qui évoque ses souvenirs de Leipzig. En 1770, il poursuit ses études de droit à Strasbourg, où il découvre Shakespeare, Homère, la profonde harmonie qui existe entre la nature et la création artistique, et la présence de Dieu dans l'évolution de l'Univers. 

L'influence de Jean-Jacques Rousseau est sensible dans les Poésies qu'il dédie à Frédérique Brion, un amour platonique. Très impressionné par le gothique de la cathédrale de Strasbourg, il écrit De l'architecture allemande (1773), hymne à la gloire d'un des artisans de sa construction, Erwin von Steinbach, sorte de manifeste de l'esthétique « Sturm und Drang », qu'il illustre par la composition d'un drame en prose, Goetz de Berlichingen à la main de fer (1773).

De retour à Francfort, où il exerce la profession d'avocat, Goethe compose et ébauche d'autres drames, fondés sur des personnages mythiques ou archétypaux (Mahomet, Satyros ou le Faune fait dieu, Prométhée, Stella, Clavigo, premières esquisses de Faust). De sa passion malheureuse pour Charlotte Buff, fiancée à son ami Kestner, il tire un roman Les Souffrances du jeune Werther (1774).