jeudi 21 avril 2011

Réalisme et naturalisme, zoom sur Zola versus Balzac

Balzac.

Lorsque Zola établit les grandes lignes de son projet Les Rougon-Macquart, il insiste sur la différence à la fois d'intention et de traitement entre son oeuvre et celle de Balzac : 

"Les bases de la Comédie sont le catholicisme, l'enseignement par des corps religieux, principe monarchique. La Comédie devait contenir deux ou trois mille figures. Mon oeuvre sera moins sociale que scientifique. Balzac à l'aide de trois mille figures veut faire l'histoire des moeurs, il base cette histoire sur la religion et la royauté. Toute sa science consiste à dire qu'il y a des avocats, des oisifs, etc., comme il y a des chiens, des loups, etc. En un mot, son oeuvre veut être le miroir de la société contemporaine. Mon oeuvre, à moi, sera tout autre chose. Le cadre en sera plus restreint, je ne veux pas peindre la société contemporaine, mais une seule famille, en montrant le jeu de la race modifié par les milieux." (Zola, Différences entre Balzac et moi, 1869). 

L'oeuvre magistrale de Zola, Les Rougon-Macquart (1893), est née de la volonté de dresser l'histoire d'une famille sur plusieurs générations, en observant les effets de l'hérédité : à partir de ce que l'auteur nomme la "névrose originelle", à savoir l'aïeule de tous les personnages de l'oeuvre, chaque roman cherche à observer, par le jeu des alliances, les diverses formes de transmission des traits héréditaires que la science de l'époque répertoriait. Certains romans, comme L'Assommoir (1877), Germinal (1890), ou La Bête Humaine (1890), sont presque entièrement construits autour de la lutte perdue d'avance que mènent les personnages contre une forme de fatalité héréditaire (alcoolisme, par exemple). 


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